Finançant les projets immobiliers de milliers de ménages modestes, le Crédit foncier va être dissous au sein du groupe BPCE auquel il appartient.
Elle n’a plus aucun crédit aux yeux de sa maison-mère. Dernière banque spécialisée dans le financement des projets immobiliers, le Crédit foncier va s’éteindre à petits feux. Officialisée au début de l’été par BPCE - le groupe Banques populaires et Caisses d’épargne -, la fin du Crédit foncier est prévue pour mars 2019. La direction présentait ce vendredi au comité d’entreprise, le volet social de son plan d’extinction aux représentants des 2 136 salariés.
Concrètement, la direction s’est engagée à proposer un reclassement à tous les salariés, notamment dans les autres banques du groupe BPCE : Caisses d’épargne, Banques populaires, Crédit coopératif ou encore Banque Palatine. Mais les salariés de cette banque spécialisée dans le financement des classes modestes s’attendent à y perdre au change.
Un reclassement difficile
« Théoriquement, les reclassements se feraient à fonction équivalente. Dans la réalité, ce sera impossible », explique Blandine Désagnat, trésorière du comité d’entreprise et représentante CFDT. « Nous comptons plus d’une centaine de directeurs d’agences. Vous les reclassez où dans un réseau engagé dans un plan de fermeture d’agences ? »
La direction a chiffré, ce vendredi, les redéploiements. « Environ 755 personnes (NDLR : essentiellement des commerciaux) qui travaillent sur le marché des particuliers seraient réparties essentiellement entre les Banques populaires et les Caisses d’épargnes », souligne Blandine Désagnat. Un peu plus d’une centaine de salariés des fonctions supports et marketing, actuellement basés à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) devraient rejoindre le siège parisien du groupe.
Il faudra gérer les prêts en cours
Et, ironie de l’histoire, une bonne partie des salariés continuera à travailler pour… le Crédit foncier. « Quelque 600 personnes resteraient, en sursis, pour gérer les encours », souligne la représentante CFDT. En clair, ils s’occuperont des quelque 85 milliards d’euros de prêts qui sont en train d’être remboursés par les clients de la banque de l’immobilier.
La direction de la BPCE tique sur le modèle économique du Crédit foncier, ne le jugeant pas assez rentable. L’établissement vit, en effet, grâce à la marge d’intérêt, c’est-à-dire la différence entre ce que le client lui paye en intérêt et le montant auquel cette banque se refinance sur les marchés. Problème, en cette période de taux d’intérêt bas et après une forte vague de rachat de crédit, les marges d’intérêt sont en forte baisse dans le secteur financier.
Une banque à part
Là où les banques classiques se refont une santé en augmentant les tarifs bancaires, le Crédit foncier ne peut pas se le permettre. Car, c’est une banque à part. Ici, les clients n’ont pas de compte courant, ni de produits d’épargne ou d’assurances. « Malgré tout, nous ne perdons pas d’argent, nous sommes rentables », affirme la représentante des salariés, Blandine Désagnat.
Contactée par Le Parisien - Aujourd’hui en France, la direction du groupe BPCE n’a pas souhaité faire de commentaires complémentaires, s’en tenant à ses derniers communiqués.