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Fier.e.s de travailler pour le service public du logement

 

 

13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 20:30

Dans les HLM de Seine-Saint-Denis, nombreux sont les locataires qui n’ont pas payé leur quittance d’avril. Une situation inédite, due à l’arrêt de l’économie francilienne pour cause de coronavirus.

 L’office départemental des logements sociaux accuse une perte de 900 000 euros sur le mois d’avril en raison des loyers impayés. L’office départemental des logements sociaux accuse une perte de 900 000 euros sur le mois d’avril en raison des loyers impayés. LP/Philippe Lavieille

« On va finir par devoir choisir entre payer son loyer et manger », s'inquiétait le mois dernier cette retraitée de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), confinée dans son logement HLM.

Elle n'a pas été la seule à affronter ce dilemme. Au mois d'avril, la proportion de loyers non payés a bondi de façon inédite au sein du parc social de Seine-Saint-Denis, qui abrite un ménage sur trois.

« Une hausse aussi marquée, aussi soudaine, ça n'était jamais arrivé », confirme Patrice Roques, directeur général de Seine-Saint-Denis Habitat (SSDH). L'office départemental, qui gère 32 000 logements, accuse le coup : 18 % des locataires n'ont pas réglé leur dû en avril, contre 13 % habituellement. Ce qui représente un trou supplémentaire de 900 000 euros, pour l'organisme qui tire 100 % de ses recettes des loyers perçus.

Le 20 avril, l'office public Plaine Commune habitat avait de son côté encaissé 15 % de loyers de moins qu'à la même date en mars. Il fallait sans doute y voir aussi les conséquences de la fermeture des bureaux de poste, qui permettent habituellement aux locataires de payer en mandat cash.

«Ça montre bien qu'une crise sociale s'exprime»

Un facteur à prendre en compte, souligne le groupe 3F, qui gère 24 000 logements en Seine-Saint-Denis, et se refuse à livrer le moindre chiffre sur les loyers d'avril. « Ce serait fictif. Une partie des locataires n'a pas payé parce qu'il y a eu des lenteurs dans la distribution des échéances », estime Isabelle Labaye, directrice territoriale sur la moitié est du département (Paris Terre-d'Envol et Grand-Paris Grand-Est). Cette dernière mise sur un rattrapage partiel au fil des semaines…

Mais Patrice Roques est moins optimiste : « Ça montre bien qu'une crise sociale s'exprime ». Et pourtant, insiste-t-il, les services de Seine-Saint-Denis Habitat avaient pris des mesures très rapidement. Une cellule sociale a ainsi pris contact avec 1 470 locataires en difficulté, et lancé « plusieurs centaines de plans d'apurement » de dette.

Pas question cependant de rayer d'un trait de plume les loyers dus. C'est ce que réclamait la pétition lancée par l'Amicale des locataires du Mail de Fontenay à La Courneuve, « pour les plus fragilisés ».

Un fonds national de solidarité pour aider les locataires ?

« Cette pétition joue son rôle, elle alerte sur des situations difficiles. Mais ce n'est pas à cette échelle que la solidarité doit s'organiser », estime Patrice Roques, qui soutient l'idée, défendue par le président PS de SSDH, Stéphane Troussel, d'un fonds national de solidarité pour aider les locataires en difficulté.

A Aubervilliers, on sent aussi le poids de la crise. Comme partout ailleurs, l'Office public de l'habitat (OPH) — 8 200 logements — n'encaisse jamais 100 % des loyers tous les mois. Mais fin avril, il manquait 16 % des sommes dues, au lieu de 5 % habituellement. La différence s'élève à 920 000 euros. « Ça pèse très fortement sur notre trésorerie. Or, on ne pourra pas économiser sur l'entretien, les réparations. C'est un bâti ancien, dont il faut prendre soin », glisse Anthony Daguet, élu PCF et président de l'OPH.

L'organisme, qui était encore il y a peu dans une situation financière catastrophique, doit obtenir vendredi la signature d'un protocole avec la Caisse de garantie du logement locatif social (CG2LS). A la clé, une aide de plusieurs millions d'euros, devenue cruciale en cette période.

Des locataires dans une situation «inquiétante»

Le bailleur va instaurer une commission d'urgence sociale, qui examinera la situation des locataires endettés : « Sur les 1 087 personnes qui n'ont pas payé en avril, 200 sont vraiment dans une situation inquiétante ».

Le Collectif des locataires solidaires d'Aubervilliers, regroupant plusieurs amicales et associations, et qui réclamait aussi la suppression des loyers, n'a pas eu gain de cause. Anthony Daguet milite pour « la revalorisation des APL, qui aurait le mérite de mettre à égalité les locataires du privé et du social ».

Au-delà de ces mesures à court terme, que se passera-t-il pour les locataires les plus en difficulté ? « Il ne serait pas acceptable que les difficultés liées au Covid se traduisent par une hausse des expulsions », assure Patrice Roques. La trêve hivernale - période durant laquelle les expulsions locatives sont interdites - vient d'être prolongée jusqu'au 10 juillet. Les organismes HLM, regroupés au sein de l'Union sociale de l'habitat (USH) réclament son extension jusqu'à la fin de l'année.

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Que se passera-t-il si la crise dure ?

Le mouvement observé en Seine-Saint-Denis est aussi à l’œuvre à l’échelle nationale, de manière moins marquée. L’Union sociale de l’habitat (USH) observe que 4,8 % des loyers n’ont pas été réglés en avril, contre 4 % le mois d’avant. Cela représente environ 200 millions d’euros.

Verra-t-on des bailleurs faire faillite ? « Non, assure Marianne Louis, directrice générale de l’Union sociale de l’habitat (USH), qui représente 4,7 millions de logements. Le système tient grâce à une caisse de garantie (CG2LS), à laquelle tous les bailleurs contribuent. »

Voilà pourquoi d’ailleurs aucun organisme HLM n’a emboîté le pas aux élus de Bobigny, qui ont annoncé leur volonté d’annuler un mois de loyer. « Ça mettrait tout le système par terre, affirme Marianne Louis. Les organismes HLM ont un fonds de roulement équivalant à deux ou trois mois de loyers. Ils ne distribuent pas de dividendes. Les priver de 20 : % de leurs ressources annuelles serait dangereux. » Si la crise perdure, l’USH « demandera des mesures fortes au gouvernement, annonce Marianne Louis, fixant l’échéance à septembre.

Coronavirus : les bailleurs sociaux de Seine-Saint-Denis face à une vague d’impayés sans précédent
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