Expérimenté avec succès en Seine-Saint-Denis, le dispositif de « mobilité verticale » gagne du terrain. Une convention avec le bailleur CDC Habitat, gestionnaire de 160 000 logements en Île-de-France, vient d’être signée.
Nanterre (Hauts-de-Seine), ce mardi soir. CDC Habitat rejoint Emmaus Habitat et s'engage à solutionner le problème de mobilité dans les immeubles dépourvus d'ascenseur qu'il gère en Ile-de-France. LP/D.L.
Pour beaucoup, ce ne sont que quelques marches. Mais pour Lucette, 82 ans, ces marches ont, un temps, constitué un obstacle insurmontable. Longtemps, cette retraitée du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), atteinte d’ataxie cérébelleuse, a cru qu’elle ne pourrait plus sortir de son appartement de la cité des Blés-d’Or.
Jusqu’à ce qu’elle rencontre les anges gardiens du collectif Plus Sans Ascenseurs. Un collectif qui développe aujourd’hui un dispositif d’assistance à mobilité verticale (AMV) afin d’aider les personnes à mobilité réduite privées d’ascenseur à sortir de chez elles.
Preuve de ce développement : la signature, mardi 1er mars à Nanterre, dans les locaux de l’Association des paralysés de France, d’une convention qui formalise l’engagement financier du bailleur CDC Habitat, gestionnaire de 160 000 logements en Île-de-France, pour résoudre la problématique de la mobilité verticale.
200 personnes aidées depuis la mise en place
Un combat dans lequel, un autre bailleur, Emmaüs Habitat, s’est lancé dès 2019, quand la directrice de l’époque, Claire Lanly, a émis l’idée de venir en aide aux locataires prisonniers de leur logement. Ceux qui se heurtent à des pannes à répétition, mais aussi ceux qui ne disposaient pas du tout d’ascenseur au sein de leur résidence.
Depuis, plus de 200 personnes, mal-marchantes, en surpoids ou en situation de handicap, ont bénéficié du dispositif d’assistance à mobilité réduite. Notamment grâce aux conventions passées avec plusieurs villes de Seine-Saint-Denis, comme Dugny, Saint-Ouen et Clichy-sous-Bois, mais aussi le conseil régional Île-de-France, qui ont finalement choisi d’emboîter le pas à la commune du Blanc-Mesnil.
À chaque fois qu’un locataire fait appel au collectif, un salarié, dûment formé au métier d’assistant de mobilité verticale, se présente à son domicile avec un fauteuil ou un déambulateur adapté. « Au total, cela représente plus de 3 000 déplacements, estime Fouad Ben Ahmed, l’hyperactif fondateur du collectif Plus sans ascenseur. Et ça va continuer à se développer. D’ici deux ans, on espère pouvoir déployer le dispositif sur l’ensemble du territoire national. »
« Ça a changé ma vie »
Surtout si d’autres bailleurs imitent Emmaüs Habitat et CDC habitat et décident, eux aussi, de mettre la main au portefeuille pour financer les interventions. « Franchement, ça ne coûte rien, relève Géraldine Gardette, directrice interrégionale adjointe IDF chez CDC Habitat. C’est un service très peu cher comparé à ce qu’il rapporte, notamment sur le plan humain. »
Lucette confirme. « Ça a changé ma vie » sourit-elle, heureuse d’avoir pu échapper à un confinement continu. Encadrée par un des six salariés de l’assistance à mobilité verticale (AMV), elle peut à nouveau se rendre à ses séances de kinés, une à deux fois par semaine.
Des rendez-vous sur lesquels elles pensaient pourtant devoir faire une croix après sa lourde chute dans les escaliers, en 2019. « Elle a dévalé tout un étage, confie sa fille, Isabelle. Et forcément, après cette chute, elle n’osait plus sortir. Or, elle a besoin de sortir chez elle. »
Depuis, Lucette s’est autorisée des dizaines et des dizaines d’escapades. « Un vrai lien s’est créé entre elle et ceux qui l’accompagnent, salue Isabelle. Ils ne sont pas là juste pour la transporter, la descendre ou la remonter, ils échangent, discutent. J’avoue avoir été sceptique au début. Je me demandais un peu où était l’arnaque mais aujourd’hui, je suis enchantée par le sérieux de ce dispositif. »
Un dispositif avec lequel Fouad Ben Ahmed entend bien aider les plus âgés à rester à domicile le plus longtemps possible.
Contacts : les bailleurs CDC Habitat, Emmaüs Habitat et le collectif Plus sans Ascenseur via sa page Facebook : https://www.facebook.com/Plussansascenseurs/