.. Tout cela étant « exclusif de tout avantage », dit le texte. En clair ? Nous avons calculé large, n'en rajoutez pas. Pourtant, en 2011, lorsque les administrateurs de Paris Habitat voient passer le contrat de Stéphane Dambrine, ils tiquent. « Les débats ont été houleux », se souvient l'un d'eux.
Il faut dire que le nouveau DG demande 180 000 € brut en fixe (au lieu de 168 000 € selon nos calculs faits en tenant compte du nombre de logements gérés par Paris Habitat). Avec la part variable, quasi assurée d'être de 15 %, son revenu annuel est de 207 000 €, soit près de 14 000 € net par mois. Très au-delà du salaire du DG de l'Office national des forêts (ONF), environ 150 000 € brut par an. Et deux fois plus que le directeur d'un gros hôpital de province.
Plus gênant : dans un rapport confidentiel que « le Parisien » - « Aujourd'hui en France » dévoile aujourd'hui, le gendarme du secteur, la Mission interministérielle d'inspection du logement social (Miilos), rappelait début 2013 non seulement que le DG était hors plafond (il obtiendra finalement une dérogation du ministère), mais aussi que l'article 7 de son contrat de travail était « irrégulier », puisqu'il prévoyait que, outre son salaire, le DG « peut bénéficier des mêmes garanties et avantages que les salariés (13e mois, départ en retraite) » ! Stéphane Dambrine dit s'être mis en conformité depuis.
Un dernier point fait encore tiquer : en cas de licenciement, le DG peut prétendre à 24 mois de salaire, majorés de 25 % s'il a plus de 55 ans — c'est le cas. Soit un parachute de... 500 000 € ! Sur ce sujet, Stéphane Dambrine rappelle que son contrat de travail est régulier, puisqu'avalisé par le conseil d'administration de Paris Habitat.
Un DG adjoint très bien logé
Aucun des administrateurs de Paris Habitat que nous avons questionnés n'était au courant... Directeur général adjoint en charge de la mission Modernisation et organisation de Paris Habitat, Gilles Romano loge depuis 2000 rue de l'Aubrac dans le XIIe arrondissement de Paris. Le quatre-pièces qu'il occupe n'est pas un logement social mais un autre type de logement aidé, dit « intermédiaire » (PLI). Le loyer y avoisine les 1 000 €, un prix très alléchant par rapport au marché. Précisons aussi que M. Romano gagne plus de 9 000 € net par mois.
« On a des salariés qui dorment dans leur voiture, et lui profite d'un tel avantage, c'est fou », souffle un syndicaliste choqué. Laurent Goyard, le président de la Fédération nationale des offices publics de l'habitat, abonde : « Avec un tel salaire, il peut sans souci se loger ailleurs, voire devenir propriétaire. » Seul hic, aujourd'hui la loi ne peut l'obliger à quitter les lieux. Comme tous les locataires en PLI, même s'il gagne des fortunes, il n'est pas tenu d'acquitter un surloyer, pas plus qu'il ne peut être obligé de quitter son logement, au titre de la loi Molle. Un sacré vide juridique, quand on sait que son cas est loin d'être isolé.
Sollicité, Gilles Romano précise être arrivé en 2000, alors qu'il était administrateur de la ville. Il souligne aussi qu'il habite « dans un faux quatre-pièces ». « Je fais partie des cadres qui ont droit à un logement intermédiaire », conclut-il. Avant d'ajouter qu'il n'envisage pas de partir : « Je serai à la retraite d'ici peu, et mes revenus vont chuter. »