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Fier.e.s de travailler pour le service public du logement

 

 

1 juin 2021 2 01 /06 /juin /2021 07:54

Alors que le compteur communiquant équipe déjà 32 millions de foyers, les particuliers vont commencer à le rembourser dès l’an prochain. Les pouvoirs publics avaient pourtant affirmé qu’il ne leur coûterait pas un centime.

Annoncés comme gratuits au début de leur déploiement, les compteurs Linky s'apprêtent à faire l'objet d'un remboursement différé. LP/Aurélie Audureau

Sortez le chéquier ! Avec plus de 90 % des foyers désormais équipés, le moment est venu de régler la facture du déploiement de Linky, le fameux compteur communiquant vert pomme. Son montant ? 5,7 milliards d’euros, selon les calculs de la Cour des comptes, soit 130 € par boîtier, fabrication et pose comprises, auxquels il faut rajouter des frais annexes. Un montant qu’il va falloir commencer à rembourser à partir de 2022.

En septembre 2011, au moment du lancement du chantier, Eric Besson, alors ministre de l’industrie et de l’énergie, n’hésitait pourtant pas à affirmer à notre journal que le nouveau compteur Linky ne coûterait « pas un centime aux particuliers ». Cette même année, ses équipes travaillaient pourtant déjà avec celles d’EDF (dont l’Etat était alors actionnaire à 83,68 %) à l’élaboration d’un montage financier avantageux. Trois ans plus tard, celui-ci est détaillé dans une délibération de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) du 17 juillet 2014, avant d’être à nouveau décortiqué par la Cour des comptes dans son rapport public annuel en 2018. Les sages de la rue Cambon y jugent alors les conditions de l’opération « avantageuses pour Enedis », avec un « financement assuré par les usagers ». Tout est dit !

Une plus-value d’un demi-milliard d’euros pour Enedis

Certes, Enedis porte la majeure partie du coût (5,39 milliards d’euros). 10 % prélevés sur ses fonds propres, et le reste sous la forme d’un emprunt auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) à un taux extrêmement avantageux : 0,77 %. Mais le tour de passe-passe réside dans le fait que ce n’est pas l’entreprise qui remboursera à proprement parler la somme, mais bien le consommateur à travers notamment un mécanisme dit de « différé tarifaire » qui permet de décaler le remboursement de quelques années. C’est lui qui rentrera en action l’année prochaine, à raison de plusieurs centaines de millions d’euros prélevés chaque année sur la facture, pour un total 2 milliards d’euros en 2030. Cerise sur le gâteau, le taux d’intérêt appliqué au remboursement ne sera pas du tout le même que le généreux taux de la BEI, comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport, mais de 4,6 %. L’opération s’avère donc juteuse pour Enedis, avec in fine une marge de 2,8 %, soit un demi-milliard d’euros d’intérêts supplémentaires, là aussi payés par les consommateurs.

VIDÉO. Sept idées reçues sur le compteur Linky

Reste encore ce trou dans la raquette de 3,7 milliards d’euros. Est-ce le particulier qui devra encore mettre la main à la poche en subissant des hausses de tarifs ? « Comme avec le différé, cela sera compensé par les économies générées grâce au compteur, rétorque Enedis. Avec des relevés désormais réalisés à distance par exemple. » De quoi gagner selon le groupe un milliard d’euros de charges d’exploitation sur les quatre prochaines années.

Mais ces économies vont-elles bénéficier également aux consommateurs ? C’est là toute la question. « Elles pourraient impacter positivement le tarif d’utilisation du réseau, estime Anne-Sophie Dessillons, directrice adjointe des réseaux à la CRE. Certes il ne baissera pas, mais peut-être augmentera-t-il un peu moins vite que si Linky n’avait pas été déployé. »



Enedis avance également un autre argument : en fournissant des données plus fines, en temps réel, le compteur permet également au consommateur de mieux maîtriser sa consommation. « C’est possible, mais nous manquons encore d’études suffisamment solides pour l’affirmer », nuance pourtant Anne-Sophie Dessillons. « Si les gains promis par ce nouveau dispositif ne sont pas aux rendez-vous, il ne faut pas se leurrer, avance une source proche du dossier. C’est bien le consommateur et personne d’autre qui payera la différence. Il peut déjà se préparer à sortir jusqu’à quinze euros supplémentaires sur sa facture annuelle pour les sept ou huit prochaines années. »

«Le compteur profitera uniquement au distributeur»

Les associations de consommateurs sont donc sur le pied de guerre. « L’équilibre économique semble effectivement loin d’être garanti pour le consommateur », regrette ainsi François Carlier, délégué général de la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie). UFC-Que choisir a de son côté publié une pétition dès 2018. « Tout le monde devait être gagnant dans cette histoire, rappelle Jean-Luc Dupont, vice-président et porte-parole de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies). Il semble pourtant bien que le compteur profitera uniquement au distributeur. Auquel cas le consommateur n’a pas vocation à le financer. »

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