« Le temps de la riposte est venu ! »C’est le cri de guerre, lancé en chœur hier matin par six présidents d’offices publics départementaux de l’habitat en Ile-de-France. Pour la première fois mobilisés dans une initiative commune, Jean-Jacques Bridey, de Valophis (Val-de- Marne), Etienne Chaufour, del’Opievoy (Essonne-Val d’Oise-Yvelines), Jean-Yves Mano, de Paris Habitat, Carlos Da Silva, de Vivr’Essonne (Essonne), Maud Tallet, del’OPHD Seine-et-Marne, et Stéphane Troussel, de l’OPHD Seine-Saint-Denis, qui représentent plus de 218 000 logements répartis dans toute l’Ile-de-France — sauf les Hauts-de-Seine — dénoncent une nouvelle taxe que s’apprête à mettre en place l’Etat sur le loyer des organismes HLM (lire encadré ci-dessous).
En échange de l’abandon de cette taxe, ils proposent au gouvernement une « solution simple » pour ne pas faire payer les locataires : revenir sur la réforme du prêt à taux zéro (PTZ +) annoncée en septembre par Nicolas Sarkozy, qui bénéficierait aux futurs propriétaires, quels que soient leurs revenus. « Une économie de 400 millions d’euros qui se substituerait aux 340millions d’euros prélevés sur les organismes HLM »,selon les frondeurs. « Nous ne sommes pas un pays de propriétaires, la location n’est pas un mal en soi dans ce pays ! » soutient Jean-Jacques Bridey, président de Valophis.
En Ile-de-France, un manque à gagner de 133 millions d’euros
Car ce « hold-up » de l’Etat représente selon eux dans les caisses des organismes HLM un manque à gagner de 340 millions d’euros en France et 133 millions d’euros en Ile-de-France chaque année. Autant d’argent en moins pour investir dans les constructions de logements neufs et les programmes de rénovation prévus pour les années à venir.
« Les locataires seront les victimes directes et la fédération du bâtiment est déjà inquiète ! » assure Jean-Yves Mano, qui estime la baisse de construction à 20 000 logements sur trois ans en Ile-de-France. Moins de travaux d’entretien, de constructions et pas un euro supplémentaire pour les zones sensibles comme la Grande-Borne (à Grigny dans l’Essonne) ou les 4 000 (La Courneuve, dans le 93) : les présidents d’office déplorent que cette taxe, qui représente l’équivalent de 80 € chaque année pour un ménage habitant en HLM, contribue à dégrader encore plus les conditions de vie des locataires.
« C’est un pas de plus dans le désengagement de l’Etat sur le logement social ! » tempête Michel Mittenaer, président de la Confédération nationale du logement (CNL), solidaire de cet « appel » des présidents d’office.
BÉRANGÈRE LEPETIT ET BORIS CASSEL