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Les locataires français reversent plus du quart de leur revenu à leur propriétaire. Pourtant, cela ne constitue pas un point de friction entre eux et leurs bailleurs.
Bruno Mazurier | Publié le 25 nov. 2013, 07h00
A 96% pour les propriétaires et 92% pour les locataires, les relations sont bonnes. Ont-ils déjà été en désaccord au moins sur un point? Oui, répondent 45% des locataires et 24% des bailleurs. Premier motif : l’état du logement, son entretien et les travaux à effectuer, citent 36% des occupants et 14% seulement des propriétaires. Le montant et l’évolution du loyer ne viennent qu’en troisième position, après la question des charges. Pourtant, selon une récente étude de l’Insee, la part du revenu consacrée au loyer est en hausse de 2,5 points en six ans et dépasse aujourd’hui un quart de nos revenus.
Respect des échéances
Alors que 7% des locataires citent le loyer comme motif de discorde, aucun propriétaire n’en fait mention. Un loyer d’ailleurs qu’une majorité de locataires (56%) estiment « élevé mais supportable », contre 23% qui le trouvent « excessif » et 21% seulement « peu élevé ». Si aucun d’entre eux ne mentionne le montant du loyer comme cause de désaccord, les propriétaires rappellent que le respect des échéances pour son paiement est source de problèmes. Ils sont d’ailleurs bien plus nombreux (8% contre 3% chez les locataires) à l’évoquer, chacun ayant probablement une tendance naturelle à passer sous silence ce qui dérange!
Selon le patron d’Orpi, le projet de loi Alur (pour l’accès au logement et un urbanisme rénové) de la ministre du Logement, Cécile Duflot, « qui essaye de soigner une personne là où elle n’a pas mal, ne fera que dégrader » les relations. Concernant l’encadrement des loyers prévu dans ce projet de loi, locataires et propriétaires reconnaissent — à 65% pour les premiers et 50% pour les seconds — que cela constituera pour eux un changement.
Pour les locataires, ce sera l’assurance de payer son logement au juste prix (33%), la mesure servant de repère en cas de litige (13%). Si 13% d’entre eux parient sur une baisse potentielle du loyer, 7% pronostiquent une hausse. Perception différente chez les bailleurs. Si 19% d’entre eux voient dans le projet une référence pour fixer le loyer, 20% considèrent qu’il s’agit pour eux d’une « perte de liberté », 11% d’une perte de rentabilité, mais aussi un motif de retrait du logement du marché locatif. « S’ils ne mettaient effectivement pas leur logement en location, insiste Bernard Cadeau, il y aurait 750000 logements en moins. Alors qu’il en manque déjà plus de 1 million. ».
Sur la garantie universelle des loyers — prévue pour janvier 2016 et financée par une taxe de 1,5% partagée entre bailleur et locataires —, les occupants la voient comme une sécurité supplémentaire en cas de coup dur (20%) ou un recours possible en cas de litige (12%). Les propriétaires y voient pour 18% d’entre eux une garantie face aux risques d’impayés, mais aussi un motif « pour le locataire de ne pas payer son loyer ». Dans le parc locatif privé, rappelons que le pourcentage d’impayés n’est, selon la Fnaim, que de 2 ou 3%.
* 606 locataires et propriétaires interrogés par Internet (méthode des quotas) du 14 au 19 novembre dernier.